samedi 4 décembre 2010

La fin du bouche à bouche en secourisme ?

La presse médicale et grand public fait état depuis quelques semaines d'études montrant que lors d'arrêt cardio-respiratoires, les gestes de première urgence « massage cardiaque/bouche à bouche » n'étaient pas plus efficaces que le massage cardiaque isolé.
Ces études sont d'autant plus appréciées que le bouche à bouche n'est pas en terme de secourisme le geste le plus agréable.
Dans ces conditions, la conclusion va de soit: Stop, on arrête le bouche à bouche, ouf!

Au risque de déplaire, je vous dirais : non!


Regardons ces études, j'ai pratiqué ces gestes de réanimation. Je suis médecin, je sais que manipuler un cage thoracique induit des petits échanges d'air, mais est-ce suffisant pour la survie du cerveau en particulier.

Je sais aussi que le bouche à bouche est souvent très mal fait. On souffle tant bien que mal dans la cavité buccale, on oublie d'obstruer le nez, on luxe mal la mandibule, on constate régulièrement qu'au lieu d'avoir gonflé les poumons on a gonflé l'estomac. Et quant on a l'estomac très gonflé, la victime respire mal, très mal. La surpression abdominale n'arrange ni l'activité du diaphragme, ni celle de la circulation artério-veineuse,
Cette notion de mauvais « bouche à bouche » est totalement absente de ces études. Je suis personnellement persuadé que la majorité des « bouche à bouche » sont mal faits et délétères, ce qui explique pourquoi le massage cardiaque simple est presque plus performant.

En outre, d'un point du vue médico-légal, rien n'est établi. Il n'est a pas de protocole officiel de bonne conduite. Si demain un professionnel résume son geste de sauvetage à un massage cardiaque, si la personne ne survie pas comme c'est le plus souvent le cas et que la famille porte plainte pour « je ne sais quoi », il y aura certainement un avocat qui avec l'appui d'un expert médical fera valoir le caractère incomplet des gestes de réanimation. Je ne donne pas chère de la peau du collègue,


A mon humble avis, ces études mettent en évidence deux choses:

1/ il existe effectivement des échanges d'air lors de la manipulation de la cage thoracique, c'est lié à l'élasticité de la cage thoracique, à sa position d'équilibre, à la compliance pulmonaire.
2/ le bouche à bouche tel qu'il se pratique est délétère pour X raisons, il doit être fait autrement ou remplacé par d'autres manoeuvres comme par exemple tout simplement vider la cage thoracique de son air au lieu de la remplir.

Arrêter la ventilation est une conclusion bien arrangeante mais une hérésie physiologique,

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